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O cantar
de trballo I II III

O cantar de traballo I II III
capsule sonore (voix Enji Julien)

Elles sont toutes là, rassemblées autour de ce feu qui réchauffe leurs doigts engourdis par le l’humidité. Elles sont ensemble, heureuses, elles ont réussi, pour ce soir à s’échapper de leurs demeures, de leurs quotidiens, des enfants qui réclament et des maris qui exigent. Ce soir n’appartient qu’à elles, c’est la première fois qu’elles se retrouvent toutes, c’est presque impressionnant, intimidant.
L’idée a germé il y a quelques mois, après une fête qui avait rassemblé pour la première fois les danseurs et musiciens des deux villages de Cangas et de Beluso, de l’autre coté du cap. D’habitude, les femmes restent au village alors que les hommes partent écumer les bals, mais cette fois ci, l’énigmatique Loise, une des rare à avoir fait le voyage retour de Cuba il y a quelques mois, a réussi à les convaincre tous de faire la fête tous ensemble. « C’est comme ça là-bas » a-t-elle dit. « Tous les monde chante, tout le monde danse, les femmes et les hommes vivent...

ensemble, rient ensemble, font la fête ensemble ».
Les hommes se sont laissés attendrir par la chaleur du regard de Loise, par sa joie de vivre contagieuse, par son statut d’étrangère qui a connu l’autre bout du monde. Alors, elles y sont allées, les femmes de Cangas rencontrer celles de Beluso, et la fête fut plus intense, plus rare, plus enivrante que les petites fêtes du quotidien. Elles avaient mis leurs plus belles robes, Des hommes jamais vus, de nouveaux regards, des sourires, des odeurs, de  nouveaux pas de danse, des nouveaux chants et des nouvelles histoires. Elles ont décidé de se revoir, de créer une sorte de groupe des pandereiteras du cap, d’être entre femmes, de chanter, et pourquoi pas, dans quelques mois, aller chanter jusqu’à Vigo ou Pontevedra. Loise, la cubaine, prends une grande inspiration, et commence à chanter « Chantez mes compagnes, car votre voix est belle ». Tout le monde connait ce chant, elles le reprennent toutes en chœur. La nuit est lancée, et on le sent, elle sera folle. La tension monte, les gorges se déploient, les bouches s’ouvrent toutes grandes alors que les yeux se ferment fort pour ne pas voir couler les larmes. Et ce sont toutes les peines, les frustrations, les départs des hommes, la solitude, la faim qui rode, toutes ces douleurs cachées depuis trop longtemps, retenue dans le secret des cabanes qui se fraie un chemin et vient alimenter ce chant qui enfle, qui enfle à travers la nuit, pour éclater comme un cri trop longtemps retenu.

Pauline Rivière / carnet de voyage imaginaire mai 2021

Où il est question de renouveller,
notre façon
de collaborer

Pierre-Alexis :

Pour ce morceau (qui finalement est devenu trois morceaux), nous avons travaillé de façon différente. Pour la première fois, Pauline m'a présenté  une maquette du premier chant avec des idées d'arrangements vocaux et des percussions. J'ai eu envie de changer nos rôles et de l'aider à aller au bout de son idée en me mettant au service de son esthétique. J'ai pris le temps d'enregistrer les percussions à la main, nous avons ajouté des sons de stores grattés, de pioche pour coller (un peu ) à l'idée de chant de travail (vite fait , hein !) mais en conservant les voix et la structure proposées par Pauline. Nous avons ajouté le banjo, les sifflements.  Cette première phase en tant que réalisateur m'a plus... mais le résultat était un peu court. Je lui ai proposé d'ajouter une nouvelle partie ternaire à la suite. Dans mes recherches, j'avais déjà expérimenté une équivalence de ce type. Une équivalence cela veux dire que l'on change de pulsation en gardant égale une subdivision du rythme (ici la double croche). Le débit de double croche ne change pas mais au lieu d'être grouper par 4 on les groupent par 3. Cela donne une pulsation ternaire. Vous me suivez ? Si vous voulez entendre l'effet que cela donne c'est à la fin du deuxième canto. Bon il se trouve que nous avons fait cette équivalence mais nous avons aussi accéléré pour arriver à un tempo de muñiera. Double effet !

la tambouille sonore

les sources

PAULINE :

A l’origine de cette trilogie se trouve un morceau traditionnel que nous avons découvert dans le disque de Fransy Gonzales et son groupe Xiradela.

 

Il y a dans ce chant force et mélancolie, solitude et détermination. Nous avons été très touchés par cette simplicité du chant, nu, sans aucun accompagnement, qui demande comme une prière, au charretier de la laisser monter dans la charrette, car « je me meurs d’amour pour toi », sans qu’on sache très bien à qui cela s’adresse d’ailleurs.

Dans le disque de Xiradela, le titre s’appelle « canto de traballo », chant de travail, sans qu’on sache très bien de quel travail il s’agisse, ni qu’il soit question d’un travail particulier dans les paroles. On s’est donc dis que ce chant devait faire partie des chants de charretier, puisqu’il est question d’une supplique de monter sur la charrettes.

Les charretier avaient la vie dure, les journées sont longue – 9h en hiver, 13h en été, à parcourir des petits chemins de terre, de campagne, de montagne pour apporter quelques marchandises d’un village à un autre, réaliser des travaux des champs, parfois transporter quelques personnes.. . Cette figure du charretiers étaient une figure importante des sociétés traditionnelles ; ils étaient, attendus, désirés, car ils apportaient nouvelles des autres villages et marchandises. Les charretiers et leurs attelages pouvaient être reconnus de très loin, parfois de plusieurs kilomètres, car, pour tromper l’ennui et la solitude, les charretiers, souvent, chantaient. Ils chantaient haut, ils chantaient fort, ils annonçaient ainsi leur arrivée dans le village, on pouvait même les entendre à plusieurs kilomètres, reconnaitre leur voix, leur style, leurs mélismes. Ils ont ainsi fait naitre une tradition de chants, dont celui-ci semble être issu.

 

Ce chant, nous n’avons pas été les seuls à le trouver sublime. Nous avons découvert cette version par Baiuca, un musicien galicien que nous aimons beaucoup, sortie le 21 avril, soit 10 jours avant notre disque.. Il n’y a pas de hasard !

les sources

Infos pointues...
...et néanmoins indispensables

Pauline Rivière / chant

Judith Chomel / chant

P-A Lavergne / chant, banjo, claviers, basse, percussions,

Baptiste Sarat / saxhorn

Paroles
 

O cantar de traballo  - Mañana

Canta minha compañiera
Minha compañiera canta
Canta minha compañiera
Que tiene linda gharganta
Iai dejame subir al carro carretero
Dejame subir al carro que me muero morena por ti

Sei toca la pandeiretta
Toca sei obio linhe
Da me sei fase la burla
De que na fagha de minhe

Todo el mundo es contra mie
Morena porque te quiero
Todo el mundo es contra mie
Io contro el mundo enterro

O cantar de traballo - mediodía

Ti ti ti por ti
Que me muero morena por ti
Que me muero porque te quiero

O cantar de traballo – Noche

Bailador baila ligero
Bailador baila ligero
Baila corazon del alma
Baila que por ti me muero

Ailala ailala ailala ailala

Anduvecheste alabando
Que te queria y te quiero
Ahora te alabaras
Que te quiera y te dejo

Non teño pena ninhgunha
Nin teño porque a tere
Que os amores dalghun dia
Xa me volven a querere

 

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